Sosthène Drollet

 

Fils de chirurgien aubois

Chercheur d'or en Californie

Confiseur à Tahiti

Inventeur de la gelée de goyave

 

N

é à Estissac (Aube) le samedi 6 juin 1829, mort à Papeete le dimanche 10 janvier 1897. Après un revers de fortune familial (son père a fait un mauvais remariage), Sosthène Drollet devient pâtissier confiseur à Nantes chez son beau-frère Charles Nieps. pris par la fièvre de l'or à la lecture des journaux relatant la découverte en Californie du précieux métal, il quitte nantes avec sa famille en 1851. Il arrive en Terre promise par le cap Horn et y reste jusqu'en 1857 "ramassant plus de rhumatismes que d'or" aimait-il à dire. Quelques années plus tôt sa soeur avait perdu un fils, tué en tombant dans un puits de mine. Charles Nieps et Bonne Drollet revinrent en France. Sosthène continuant seul à chercher de l'or.

 

Sosthène Drollet arrive à Papeete en août 1857 à bord de la goélette "Timandra" de Benjamin Chapman. John Brander lui avance les fonds nécessaires pour ouvrir une boutique de boulanger-pâtissier. Sosthène fut le premier fabriquant et il est considéré comme l'inventeur de la gelée de goyave, dont il expédie de grandes quantités en France et aux Etats-Unis dans des pots en verre gravés à son nom. En 1890, il crée sur sa propriété de la rue de l'Hôpital, une petite usine pour la fabrication de la glace et de l'eau gazeuse. membre du Conseil d'administration, en 1872, membre du comité central d'Agriculture et de commerce, en 1877, membre du Conseil colonial, en 1882, conseiller général, conseiller privé du Gouvernement, en 1894, membre du comité directeur de la Caisse agricole de 1888 à 1894, conseiller municipal de Papeete. Sosthène Drollet fut, un temps, propriétaire de toute la vallée de la Papenoo.

 

Le jeudi 27 octobre 1859, à 30 ans Sosthène Drollet épouse Tiniao-vahine-I-Toareia, âgée de 15 ans. Ils furent heureux et eurent beaucoup d'enfants !

 

Exemples d'enquêtes

 

    N

e désespérez jamais si vous vous  trouvez devant une difficulté qui vous semble  insurmontable, si de rares cas sont sans espoirs d'être résolus, d'autres, et c'est la majorité, le seront en faisant preuve de curiosité et de perspicacité. Soyez le commissaire Maigret de la généalogie.

 

La terre promise

         L'acte de décès,  du vigneron Jean Gasse,  était introuvable à Luché-Pringé (72),  la commune de son domicile. La découverte en série "E" aux Archives départementales, de l'inventaire après décès de son fils René, révèlera la possession par ce dernier, de plusieurs terres. La recherche et la lecture des actes de propriété donneront leur origine. L'une d'elles lui venait, par héritage, de son père décédé dans un village éloigné. Le décès, en 1833, de Jean Gasse était trouvé.

 

28 à 94

         Constance  Veillard, couturière de son  état,  avait  toujours  vécue  à Maintenon (28)  mais n'y était pas décédée. Ou chercher ? La consultation, en série "M" aux Archives départementales,  des recensements de population de Charenton (94),  ou vivaient  une de  ses filles, son  gendre  et leurs enfants, révèlera  sa  présence  parmi  eux. Ce  qui  permit  ensuite  la découverte de son décès à Paris, au début du 20ème siècle, en suivant les déplacements successifs de la famille,  par la consultation année par année de l'Annuaire du commerce (le Bottin).

 

De Jeanne en Jeanne

         Epouse  du  charron Jean  Barbier, Jeanne Cathier est décédée dans la petite commune de Montigny-sur-Canne  (58) à une date connue avec exactitude,  inscrite en toutes lettres dans l'acte de mariage de son fils. Pourtant son acte de décès est  introuvable. Il y a bien un  acte de décès mais pour une autre personne répond la mairie. Sur insistance, celle-ci le communique.  Découverte ! Le nom est orthographié Casqué. Les indications sur le mari et les autres informations confirmeront que c'est bien l'acte de décès de Jeanne Cathier. Mais alors, quel est le véritable nom de Jeanne ?

 

Monsieur le Duc est servi !

            George-André Lepeltier est mort en 1826  au 80 rue de l'Université à Paris. Il était cuisinier. Dans une auberge ou  dans une maison ? L'inventaire après  décès de son gendre, Pierre-Nicolas Veillard, décédé à Maintenon (28), donnera  l'employeur : le Duc Anne-Charles de Montmorency. Et on découvrira par la suite,  en cherchant dans les archives du notaire attitré du Duc, que le cuisinier prêtait de l'argent à la belle-mère du duc !

 

Un tuteur sinon rien

            Constance Angélique Jenny Ride, anglaise et  mineure, avait eu un tuteur lors de son mariage en 1809, en l'église St-Thomas-d'Aquin  à Paris. Ses parents,  du fait des guerres napoléoniennes, étaient retenus à Londres. Comment retrouver l'acte de tutelle ? La consultation aux Archives de la Seine de la série "U",  Justice de  Paix, le fera découvrir, avec lui beaucoup d'autres !

 

De l'or à Timandra

            Sosthène Drollet,  natif d'Estissac (10), ayant ramassé plus de rhumatismes que d'or, quitta la Californie en 1857 pour Tahiti ou il arrive sur une goélette propriété de Benjamin  Chapman. Quel était le nom du  bateau ? La rencontre insolite à un étal de cartes postales d'un cousin inconnu donnera la réponse : le nom du bateau s'était transmis comme prénom aux filles d'une des branches éloignées de la famille : Timandra.

 

En secret, c'est plus sur

            Fille d'un très-très-à-gauche conseiller municipal de Nevers, Marianne Bouchard, le prénom rappelle la République, avait été à l'extrême fin du 19ème  siècle, secrètement baptisée disait-on. Comment le vérifier ? Une correspondance  avec le père archiviste des Archives du Diocèse de la Nièvre, fera découvrir  l'acte de baptême. Marianne Bouchard, future première dactylo-femme de la mairie de Nevers, avait été baptisée 6 mois après sa naissance à l'insu de son anti-clérical papa. L'a-t-il vraiment jamais su ?

 

Les vignes du Seigneur

            Sur l'acte de baptême de sa fille Marie en 1733, Louis Gasse était dit vigneron.  Depuis quand  était-il vigneron ? Son père, son grand-père l'étaient-ils avant lui ? La consultation, par  curiosité, d'un ensemble relié de documents relatifs au prieuré de Luché-Pringé (72), dans la série "G" (clergé séculier) aux Archives départementales, fera découvrir un acte notarié, passé en l'étude d'un  notaire de La Flèche (72), dans lequel Etienne Gasse, père de Louis et fils de  marchand,  loue sa toute première vigne en juillet 1655. Ainsi put être établi que de 1655 à environ 1824, les Gasse étaient vignerons dans la Sarthe, pays d'un sublime vin blanc, appréciait d'Henri-IV, le Jasnières.

 

Le temps n'est pas un obstacle

            Louis Gasse, veuf de Marie Moiré, épousa en secondes noces Julienne Buin en 1721 en l'Eglise Notre-Dame de Pringé (72). Le registre de sa paroisse reste muet quant à sa  première union, ou et quand Louis Gasse avait-il convolé en justes noces avec Marie Moiré ? Les curés tenaient en double et à l'identique leurs registres. La consultation, au cas où, du deuxième  exemplaire, révèlera en haut d'une page  le  premier mariage : le curé avait noté en deux courtes lignes la cérémonie célébrée dans une lointaine paroisse. Le 23 novembre 1700, à l'approche de l'hiver, au petit matin et dans le froid, Louis Gasse avait été chercher  sa promise.

 

L'auberge du marais

            De père en père, sur trois générations, les Lepeltier avaient été maraîchers à Montreuil, paroisse de Versailles (78), sauf le petit dernier qui devint, on la vu  plus haut, cuisinier. Mais quand le devint-il ? La consultation, longue et  enrichissante, des registres de la taille de l'Election de Paris, série Z/1g/ aux Archives Nationales, indiquera, année par année, l'activité et le montant de l'impôt payé par les Lepeltier, propriétaires d'une maison et de trois arpents 1/4  de "marais". Peut-être lassé du binage et de la vente des légumes, Georges-André Lepeltier transforma, quelques années avant la Révolution, le "marais" paternel en auberge. Opération sans doute plus lucrative avec l'arrivée de nouvelles populations attirées par l'activité due à la présence du château du Roi-Soleil.

 

 

Une histoire folle !

(Réelle, authentique  et vraie, survenue dans ma famille)

 

paul Gauguin au bûcher !

 

A

 la fin du 19ème siècle, un vagabond, aujourd'hui on dirait un SDF, est venu frapper à la porte de la maison de mes arrière arrière-grands-parents paternels, la famille Drollet, la famille de la mère de mon père.

 

- L'hospitalité, messieurs dames, s'il vous plaît, demanda le pauvre bougre curieusement habillé de guenilles sales, souvenances de fastes d'antan.

 

L'homme était plutôt mal en point et peu apprécié des habitants pour son "non-conformisme". Pourtant il fut accueilli sans hésitation. Dans une grange, un coin, aussi hospitalier que possible, fut mis à sa disposition avec lit, table, chaise et divers outils de jardinage : à charge pour lui de cultiver un lopin de terre pour ses légumes. La viande ? Point de viande, mais du poisson en abondance : au bout du jardin, séparé par un chemin de terre, il y avait l'océan nourricier.

 

Pour améliorer son ordinaire, notre héros était assez souvent invité le dimanche à la table familiale. Son plat préféré était des plus simples : steak frites ! mais cela le changeait beaucoup de son poisson quotidien.

 

Ce qui intriguait le plus la famille, ce n'était pas ses vêtements, ni ses habitudes culinaires, mais cette marotte que le locataire avait de peindre sur tout support qui se présentait à lui, toile, bois, carton. Chaque jour le surprenait à la plage peignant une baigneuse, un baigneur...

 

Ses "oeuvres", diversement appréciées, il les donnait à la famille en remerciement de son accueil et elles finirent par envahir l'ensemble des murs : certaines servirent même à décorer les toilettes !

 

Cet hébergement dura un an. Un an de poisson et de steak frites, un an de peintures et de murs qui n'en finissaient pas de disparaître sous les "croûtes", mais aussi un an d'amitié avec ce peintre aux idées picturales bizarres.

 

Un jour, il annonça son départ et il partit vraiment. On ne le revit plus.

 

Vite on s'empressa de décrocher les oeuvres incompréhensibles et colorées - on n'oublia pas les toilettes - on en fit un tas dans le jardin qu'on aspergea copieusement d'essence et on craqua une allumette...

 

Ainsi disparurent dans les flammes du bûcher salvateur un an de la production de Paul Gauguin !